La Fondation Georges TRUFFAUT donne la parole à 2 acteurs pionniers de l'Hortithérapie en France
Le premier jardin thérapeutique en France est « l'atelier potager /fleurs » créé en 1997 à l'hôpital de jour de La Pitié Salpêtrière. Ce sont Anne Ribes et le Professeur David Cohen qui font vivre ce projet. La Fondation d'entreprise Georges TRUFFAUT leur a apporté son soutien à deux reprises pour permettre son agrandissement en novembre 2012 puis mars 2013.
Pourquoi existe-t-il un service de psychiatrie pour enfants à La Pitié Salpêtrière ?
C'est pour des raisons essentiellement historiques, puisque La Salpêtrière est très orientée vers les maladies du système nerveux et les maladies mentales. Ainsi, dans les années 35-40, quand la psychiatrie infantile est née, le premier service installé d'abord à l'hôpital Vaugirard puis à l'hôpital Necker est rapidement arrivé à la Salpêtrière pour devenir une chaire de psychiatrie infanto-juvénile, sous la direction de Georges Heuyer. Aujourd'hui, on se retrouve avec le plus gros dispositif hospitalier (50 lits d'hospitalisation temps plein, 40 places de jour, une école, des activités ambulatoires très spécialisées) et donc nous sommes incontournables dans la discipline(...).
Comment cet atelier s'est-il mis en place à La Salpêtrière ?
La création d'une activité « jardin » découle d'une rencontre entre le Professeur Michel Basquin et Anne Ribes alors infirmière. Passionnée de jardins et de paysages, elle a souhaité orienter son activité professionnelle autour de cette spécificité très originale à cette période. Ils ont donc décidé de débuter cette activité en 1997 pour des enfants autistes avec une perspective à la fois éducative et d'apprentissage de la vie.
Quel est le bénéfice du jardin sur les enfants ? Sur le personnel soignant ?
Les activités de jardinage apportent, aux enfants qui sont en grande difficulté de développement et à leurs familles, des possibilités d'avoir un projet commun à partager et surtout à voir grandir (...). Je crois qu'il y a une temporalité très spécifique, de la graine jusqu'à la plante adulte, qui nous permet de renvoyer un certain nombre de choses à l'enfant. Il y a aussi un esthétisme dans le jardin et une fragilité qui rend la chose précieuse. Cela est très important, pour nous, parce que les enfants que nous recevons ont souvent le sentiment d'abandon, de rejet et manifestent une forme de fragilité dans leur façon d'être, indépendamment de leur pathologie. Ils ont souvent une mauvaise estime d'eux-mêmes et ont beaucoup de reproches à faire au monde des adultes, ils estiment qu'ils ne se sont pas bien occupés d'eux, de manière réelle ou fantasmée.
Finalement la métaphore de notre objectif de soin, indépendamment du jardin, c'est celle que je viens de vous décrire, c'est à dire que nous essayons de dire aux enfants (...), que nous sommes là pour nous donner du temps avec eux, qu'ils sont comme cette plante fragile mais qu'en même temps ils peuvent progresser et que ce progrès mène vers une meilleure estime d'eux-mêmes.
Les projets soutenus par la Fondation Georges TRUFFAUT
La Fondation a déjà soutenu 7 projets d'associations œuvrant pour la cause d'enfants handicapés. Si les objectifs restent les mêmes, l'enseignement à retenir vient de la richesse et de la diversité des dossiers :
Pour soumettre un projet à la Fondation Georges TRUFFAUT :
La Fondation Georges TruFFAuT accompagne financièrement des associations de Loi 1901 ou des organismes à but non lucratif dans leurs actions.
un comité projets se réunit régulièrement pour examiner les dossiers d'inscription qui sont déposés sur www.fondation-georges-truffaut.org, sélectionner les
projets soutenus et définir le montant de l'apport financier.
La Fondation Georges TruFFAuT privilégie les projets à proximité des jardineries TruFFAuT où les collaborateurs, Ambassadeurs de la Fondation, peuvent
assurer un bon suivi du projet, apporter des conseils de jardinage, dans un esprit de convivialité et solidarité.
En 2 ans, la Fondation a financé plus de 80 projets, soutenus au quotidien par plusieurs centaines d'Ambassadeurs déjà convaincus et investis dans cette
mission.
Pour déposer un dossier ou découvrir tous les projets soutenus, rendez-vous sur www.fondation-georges-truffaut.org
Comment définissez-vous un « jardin thérapeutique » ?
Nous n’utilisons pas le terme « jardin thérapeutique », trop ambigu, et qui pourrait laisser penser que le jardin se prescrit comme un médicament, ou qu’il sert de lieu à des gymnastiques contraignantes, alors que son usage est beaucoup plus complexe et fonctionne par l’appropriation et le dialogue au sein du vivant. Nous posons comme hypothèse, appuyée par les recherches les plus récentes en neurosciences, que les rythmes de la vie, dans leur complexité, sont garants de notre santé. L’activité au jardin met en œuvre de nombreuses interactions (lumière, exercice, perceptions sensorielles) qui constituent une sorte de « dialogue au sein du vivant » qui remonte à nos origines les plus anciennes. Offrir à des personnes, des enfants en particulier, objets de soins constants, l’occasion de devenir des « soignants » à part entière à l’égard du monde végétal, favorise la création de ce dialogue, le jardin devenant ainsi une sorte de « Tiers soignant », d’une infinie variété, d’une infinie tolérance pour des personnes souffrant précisément de troubles de la communication ou de l’humeur. Le jardin est un espace de liberté et de plaisir susceptible de leur permettre d’améliorer leur santé et en tout cas leur rapport quotidien à la vie et au monde.
Pour quels types de patients et/ou de pathologies conseillez-vous la pratique du jardinage ?
Le jardinage adapté, avec l’aide de personnes formées à l’hortithérapie (ce qui n’existe pas en France, mais est courant aux états-Unis) peut être proposé aux personnes souffrant de diverses formes de troubles de l’humeur, de la communication ou du comportement, comme l’autisme, les syndromes de déficits cognitifs liés au vieillissement (démences, Alzheimer) les handicaps dus à des lésions cérébrale (AVC, accidents traumatiques), aux personnes souffrant de psychoses ou de syndromes post traumatiques.
En quoi consistent les activités au jardin avec les enfants ?
Elle s’organisent de façon très simple, suivant le rythme des saisons, mettant en valeur le développement de la vie végétale, de la graine à la fleur ou au fruit, des soins nécessaires au « bonheur » des plantes, arrosage, désherbage et à l’appréciation de leurs signes de reconnaissance, formes, parfums, goûts. Chaque séance adopte ainsi un rituel, on s’habille en conséquence, bottes ou chapeaux de soleil, explication de l’activité du jour, ouverture de la cabane, choix des outils, et se termine par une dégustation de tisane ou de petits fruits issus du jardin.
Pensez-vous que les jardins thérapeutiques peuvent faire partie des traitements et être considérés à terme comme un soin à part entière ?
En aucun cas l’activité jardin ne peut résulter seulement de la prescription mais elle doit s’accompagner d’une réelle appropriation. En ce sens, et en quelque sorte bien distincte des autres thérapies pratiquées au sein de l’institution (médicaments, rééducation, etc.), elle devient un soin à part entière et devrait être exercée par un personnel compétent formé à l’hortithérapie. La place du corps médical est évidemment essentielle, les personnes impliquées dans l’atelier jardin doivent participer aux réunions de synthèse pendant lesquelles on évalue les progrès.
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